Objectifs
- Indiquer la catégorie grammaticale d'un mot donné.
- Comparer le rôle distinctif d'un mot contre celui d'un autre.
Dans le chaptire précédent, on a parlé des morphèmes qui peuvent constituer un mot. Dans ce chapitre, on parle de la catégorie grammaticale des mots (souvent appelée la partie du discours). Cette catégorisation se fait selon la fonction similaire (ou différente) des mots au niveau de la phrase (par ex., les noms, les verbes, etc.). Cette catégorisation facilite la description et la comparaison des mots qui seront nécessaires pour créer une phrase.
Les catégories
Quand on parle des mots de manière analytique, on doit pouvoir les décrire ; pour les décrire de manière plus systématique, on doit parler des catégories grammaticales (aussi dit, les parties du discours), qui sont des classsifications de mots qui fonctionnent de façon similaire dans une phrase. Les catégories grammaticales les plus communes sont :
- Les verbes : Cette catégorie comprend les mots qui indiquent une action ou un état du sujet (le sujet est généralement celui qui accomplit l'action). Evidemment il y a un nombre considérable de verbes en français, et chaque verbe a plusieurs formes. Par exemple : mettre, finir, bénira, est tombée, pourrions, criait, font, irai, eussent, etc.
- Dans une description des verbes, on entend souvent les termes transitif et instransitif. Ces termes décrivent la transitivité d'un verbe, ou sa capacité ou non d'accepter un complément qui est un élément qui complète le verbe. Vous allez lire plus au sujet des compléments dans le chapitre qui suit, mais parlons brièvement du complément d'objet direct (COD) et du complément d'objet indirect (COI). Un complément d'objet direct (COD) est un élément de la phrase (typiquement un nom ou un pronom) qui subit directement l'action du verbe sans besoin d'être introduit par une préposition ; par contre, un complément d'objet indirect (COI) doit être introduit par une préposition. Le verbe porter est un verbe transitif, car il a besoin d'un complément : dans la phrase « Je porte une robe. », la robe sert de COD du verbe. On ne peut pas déclarer « *Je porte. » sans aussi indiquer ce que l'on porte. Par contre, le verbe dîner est intransitif, car il n'a pas besoin de complément (par ex., « Désolée, mais on ne peut pas s'arrêter pour dîner. »).
- Les besoins d'un verbe proviennent de sa valence qui est un principe similaire à celui de la transitivité ; la valence spécifie pas seulement le nombre et l'espèce de compléments que prend un verbe, mais aussi d'autres qualités et besoins. Par exemple, la valence du verbe falloir oblige le sujet impersonnel il (par ex., il faut) ; si on essayait de mettre un autre sujet avec ce verbe (par ex., *je faux) le résultat ne serait pas grammatical. On va consacrer un chapitre futur au sujet de la valence, mais c'est un principe qu'il faut garder à l'esprit.
- Les noms/substantifs : Cette catégorie comprend les mots qui représentent les êtres, les choses, les concepts, les lieux, etc. (par ex., architecte, Afrique, création, biologie, amour, etc.). Un nom peut être commun, ce qui indique que le mot ne fait pas référence automatique à une personne ou à une chose unique, mais plutôt générique (par ex. femme, pays, émotion, etc.) ; la première lettre d'un nom commun s'écrit habituellement en minuscule. Par contre, on peut aussi identifier un nom propre qui fait référence à une persone ou à une chose unique (par ex. Mariama, Italie, Provo, etc.) ; la première lettre d'un nom propre s'écrit habituellement en majuscule.
- Les pronoms : Cette catégorie comprend les mots qui remplacent d’autres éléments de la phrase (par ex., un nom, un groupe de noms, un adjectif, une proposition et ce qui la suit, etc.) afin de réduire la répétition des mots et/ou de rendre plus claire l'identité de l'un de ces éléments. Les types de pronoms les plus communs sont :
- Les pronoms de sujet : Ce sont les pronoms qui fonctionnent comme sujet du verbe. Traditionellement les pronoms de sujet sont je, tu, il, elle, on, nous, vous, ils et elles, mais quelques pronoms neutres ont été proposés (par ex., iel, ille, ol, ul, etc.). Consultez Knisely (2020) pour une discussion sur le français non binaire.
- Les pronoms d'objet : Ce sont les pronoms qui fontionnent plus ou moins comme compléments d'objet. Parfois appelés les clitiques, les pronoms d'objet peuvent représenter un COD (me, te, se, nous, vous, le, la, les), un COI qui est une personne (me, te, se, nous, vous, lui, leur), ce qui est introduit par une préposition—y compris un COI non humain—(y, en) ou même certains adjectifs (par ex., « Tu veux savoir si je suis fatigué ? Oui, je le suis. »).
- Les pronoms disjoints : Ces pronoms comprennent moi, toi, soi, lui, elle, nous, vous, eux et elles. Ils sont disjoints du groupe verbal : les pronoms de sujet et les pronoms d'objet (les clitiques) se mettent toujours directement à côté du verbe, mais les pronoms disjoints se mettent à une certaine distance du verbe. Par exemple, comparez les deux phrases similaires suivantes : Je te dis une chose. —versus— *Je dis une chose à te et ton frère. Dans cette dernière phrase, bien que l'identité de la personne que représente le pronom te ne change pas de la première phrase, il faudrait se servir du pronom disjoint toi pour rendre la phrase grammaticalement correcte, parce que le pronom n'est plus à côté du verbe : Je dis une chose à toi et (à) ton frère.
- Les pronoms relatifs : Ces pronoms servent à lier deux propositions ensemble dans lesquelles l'élément que représente le pronom a un rôle. Par exemple, on peut combiner les phrases « Je vois un voisin » et « Ce voisin est gentil » en se servant du pronom relatif qui pour en faire la phrase « Je vois un voisin qui est gentil, » ou en se servant du pronom relatif que pour en faire la phrase « Ce voisin que je vois est gentil. » On appelle les propositions soulignées dans ces phrases les propositions relatives (ou les relatives). Les pronoms relatifs comprennent :
- Qui : sujet du verbe dans la proposition relative (par ex., C'est papa qui paie ce soir.) ou complément humain introduit par une préposition (par ex., La dame pour qui je travaille est très dynamique.).
- Que : COD du verbe dans la proposition relative (par ex., Lisons un livre que tu aimes.).
- Dont : objet du verbe dans la proposition relative, lequel est introduit par la préposition de (par ex., Voici le film dont je vous ai parlé.).
- Où : lieu ou moment auquel se passe l'action du verbe (par ex., Allons au parc où il y a le grand étang. Sortons un jour où tu ne travailles pas.).
- lequel/laquelle/lesquels/lesquelles : Ces pronoms se contractent après les prépositions à et de et ils ont trois rôles principaux : a) objet humain des prépositions entre et parmi (par ex., Il y a onze joueurs sur l'équipe parmi lesquels se trouvent cinq Suisses.) ; b) sujet distinctif du verbe dans la proposition relative (par ex., J'ai trois nièces et deux neveux lesquelles sont ici à BYU.) ; ou c) objet non humain d'une préposition (par ex., Tu verras un grand bâtiment vert à côté duquel se trouve le meilleur restaurant de la ville.).
- Quoi : complément sous-spécifié d'une préposition. Dans l'exemple qui suit, quoi représente tout ce qui précède, mais aucun élément spécifique : Chaque matin je prends une petite salade, je m'étire un peu et je fais du jogging, sans quoi je ne peux pas me concentrer sur mes projets au bureau.
- Les pronoms démonstratifs : Ces pronoms comprennent ce, ça, celui, celle, ceux, celles, ceci, cela. Ils peuvent prendre place d'un nom et de son déterminant pour y faire référence directe dans le temps ou dans l'espace, pour y ajouter plus d'information ou pour les représenter avant qu'ils soient nommés. Par exemple, Je n'ai pas pris ma brosse à dents, mais celle de papa. Des deux films, je préfère celui du Studio Ghibli. C'est un bon livre Le Petit Prince. Écrivez-lui ceci : Venez souper.
- Les pronoms interrogatifs : Ces pronoms comprennent qui, que, quoi, lequel, laquelle, lesquels et lesquelles, et ils représentent les éléments dont l'identité est ciblée dans une question. Par exemple, Qui frappe à notre porte ? Que veux-tu préparer pour le dîner ? Avec quoi allons-nous déplacer ce rhinocéros ? Laquelle des deux maisons allez-vous louer ? Il y a plusieurs profs dans ce département, duquel allons-nous chanter des louanges ?
- Les déterminants : Cette catégorie grammaticale comprend les petits mots qui précisent l’identité d’un nom. Ils peuvent préciser le nombre du nom, son genre, son possesseur, son ordre dans une séquence, etc. Cette catégorie comprend : les articles définis (par ex., le, la, les), les articles indéfinis (par ex., un, une, des) et les articles partitifs (par ex., du, de la, de l’ ) ; les déterminants possessifs (par ex., mon, tes, leurs, votre) ; les déterminants démonstratifs (par ex., ce, cette, ces) ; les adjectifs cardineaux (par ex., deux, seize, cent ) et les adjectifs ordinaux (par ex., troisième, vingt-et-unième) ; les déterminants interrogatifs (par ex., quel, quelles) ; et encore d’autres (par ex., autre, plusieurs, etc.).
- Les adjectifs : Cette catégorie comprend les mots qui indiquent une qualité d’un nom ou d'un pronom. Quelques exemples incluent grand, bêtes, cinématographique, vertes, heureux, etc.
- Les adverbes : Cette catégorie comprend les mots qui qualifient un verbe, un adjectif, un adverbe, une préposition ou bien toute une proposition. Il y a des adverbes de temps, de lieu, de manière, de quantité, d’interrogation, de négation, d’affirmation, etc. En voici quelques exemples : demain, bientôt, ici, bien, rapidement, très, trop, pourquoi, ne...jamais, oui, volontiers, etc. Bien que quelques adverbes peuvent sembler fonctionner comme adjectifs (par ex., C'est un homme bien.), il ne faut pas confondre l'une catégorie avec l'autre.
- Les prépositions : Cette catégorie comprend les mots qui précisent une relation (spatiale, temporelle, causale, etc.) entre au moins deux éléments de la phrase. Par exemple, les prépositions sur, devant ou derrière peuvent indiquer chacune une relation spaciale différente entre mon enfant et la chaise dans la phrase « Mon enfant est ____ la chaise. » D'autres exemples des prépositions incluent : à, de, chez, avant, après, à côté de, afin de, etc.
- Les conjonctions : Cette dernière catégorie comprend les mots qui joignent plusieurs éléments de la phrase. Les conjonctions peuvent indiquer une relation de coordination (une relation plus ou moins égale ; par ex., Je n'aime ni les bonbons ni les cupcakes.) ou de subordination (où un élément est dépendant de l’autre ; par ex., Tu peux nous joindre puisque nous ne sommes plus malades.). Voici quelques exemples des conjonctions de coordination : et, mais, ou, donc, or, ni, car, etc. ; et quelques exemples des conjonctions de subordination : que, pendant que, avant que, bien que, parce que, etc.
Vérifier votre compréhension
Identifier la catégorie grammaticale de chaque mot dans les cinq phrases suivantes.
1) Que voulez-vous faire en vacances ?
2) Cette robe que tu portes est trop...verte.
3) On attend patiemment ma mère, car elle va nous apporter une grande boîte de pâtisseries !
4) Là c'est l'homme chez qui habite un chat qui est vraiment méchant.
5) Le troisième semestre du programme me semble le plus long
Mettre en pratique
Un clitique est un mot grammatical qui colle au verbe. Les exemples traditionnels sont les pronoms d’objets (c.-à-d., me, te, se, nous, vous, le, la, les, lui, leur, y, en) et le ne de négation. D’habitude, ces clitiques ne peuvent pas être séparés du verbe, comme on peut voir en comparant les phrases de (1) et (2), ci-dessous. De plus, les clitiques ne peuvent pas être coordonnés, comme on voit en (3). Même dans une phrase impérative, on ne les sépare pas, comme on voit en (4).
(1) Paul ne les lui donne pas.
(2) *Paul ne—vraiment—les lui donne pas.
(3) *Paul ne le et la donne pas à sa cousine.
(4) Donne-les-lui !
Il existe certaines théories qui suggèrent que les pronoms de sujet (par ex., je, tu, il(s), elle(s), on, nous, vous) sont aussi les clitiques du même genre. Est-ce que vous en êtes d’accord ou pas ? Donnez votre avis à ce sujet, la motivation de votre avis et quelques exemples. Donnez aussi un exemple qui soutient l’autre côté de l’argument.
Sources
- Knisely, K. A. (2020). Le français non-binaire: Linguistic forms used by non-binary speakers of French. Foreign Language Annals, 53(4), 850–876.